Depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, des millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, tandis que d’autres se sont retrouvées piégées sous occupation russe.
La destruction, la peur et la répression rythment le quotidien des habitants. Vivre sous occupation signifie non seulement la privation de libertés fondamentales, mais aussi l’effacement progressif de l’identité ukrainienne.
Dans les territoires sous contrôle russe — Kherson, Donetsk, Louhansk ou encore Zaporijjia — chaque habitant est sous surveillance constante. Des patrouilles sillonnent les rues, vérifient les identités et traquent ceux qui refusent d’accepter la présence russe. La répression est systématique : arrestations arbitraires, disparitions, tortures. Certains sont tués, d’autres échangés après des mois de captivité.
L’occupation s’accompagne aussi d’un contrôle idéologique total. À Marioupol, des tests ADN sont imposés : un arbre généalogique jugés ‘trop ukrainien’ peut suffire à empêcher une personne de revenir chez elle. L’environnement même des villes a changé : les produits européens ont disparu des commerces, remplacés par des marchandises russes, tandis que la propagande envahit l’espace public.
Marioupol, autrefois une ville de 430 000 habitants, a été profondément transformée par l’occupation. 80% de la population a été contrainte de fuir, tandis que les quelques milliers d’habitants restés sur place vivent sous un contrôle permanent, aux côtés de citoyens russes, installés par l’occupant dans une stratégie délibérée de remplacement démographique.
Le quotidien est aussi marqué par l’absence de services essentiels, des transports publics dysfonctionnels, des déchets non ramassés, des canalisations endommagées… L’activité économique est quasiment à l’arrêt, à l’exception des chantiers de construction. L’accès aux soins, quant à lui, est devenu un luxe, faute de médicaments et de personnel médical.
La pression ne vient pas seulement des forces d’occupation. La population elle-même est incitée à la délation : dénoncer un voisin qui exprime des opinions pro-ukrainiennes ou qui refuse d’adhérer à la propagande russe devient un moyen de faire régner la peur. À cette menace permanente s’ajoute celle d’être enrôlé de force dans l’armée russe.
L’occupation impose aussi de nouvelles obligations administratives : obtenir un passeport russe est devenu indispensable pour travailler, accéder aux soins ou même simplement circuler.
Ce qui se joue dans ces territoires ne se limite pas à une occupation militaire. Il s’agit d’un processus visant à effacer l’Ukraine en tentant d’éradiquer sa culture, son histoire et et son identité.
Photo : soldats russes à Kherson. Anastasiia / euronews