Aujourd’hui, comme chaque quatrième samedi de novembre, nous commémorons l’Holodomor, une tragédie parmi les plus sombres de l’histoire humaine. Cette famine délibérément orchestrée par le régime soviétique entre 1932 et 1933 a coûté la vie à 6 millions d’Ukrainiens, victimes d’une politique d’anéantissement qui visait à briser leur identité nationale. Ce génocide, encore méconnu par beaucoup, reste une plaie profonde dans la mémoire collective de l’Ukraine.

Cette famine fut mise en place par la politique de collectivisation forcée et par des lois répressives comme la « loi des épis », pénalisant de déportation ou de peine de mort le vol d’épis, tandis que le blé ukrainien continuait à être exporté massivement pour remplir les caisses de l’URSS et nourrir d’autres régions, laissant les populations locales mourir de faim. Ces mesures témoignent d’une volonté délibérée de priver les populations ukrainiennes de toute chance de survie.

Kharkiv, Ukraine en 1933 – Photo de Alexander Wienerberger

En 2024, cette commémoration revêt une importance particulière, alors que la guerre en Ukraine dure depuis onze ans et que l’invasion à grande échelle par l’armée russe continue d’être marquée par des atrocités qui rappellent douloureusement le passé. Les similitudes entre les politiques destructrices du régime de Staline et celles de Poutine sont frappantes et ne peuvent être ignorées.

La reconnaissance de l’Holodomor comme génocide par l’Assemblée nationale française, le 28 mars 2023, a été un moment historique pour la mémoire et la justice. Elle s’inscrit dans une prise de conscience internationale amorcée ces dernières décennies, à laquelle le Parlement européen avait également contribué en décembre 2022. Ces avancées symboliques renforcent l’idée que rendre justice aux victimes du passé est un levier pour condamner les crimes d’aujourd’hui. À une époque où les méthodes de propagande et de déshumanisation se répètent, la mémoire de l’Holodomor nous rappelle qu’il est essentiel de nommer les crimes pour les combattre.

En ce jour de souvenir, nous rendons hommage aux millions d’Ukrainiens morts de faim, mais aussi à tous ceux qui, aujourd’hui encore, luttent pour préserver leur liberté et leur identité face à l’agression russe. Se souvenir de l’Holodomor, c’est honorer ces vies perdues, mais c’est aussi un acte de solidarité envers l’Ukraine d’aujourd’hui.

Photo de couverture : Shutterstock/Drop of Light