À l’initiative de Madame Isabelle Rome, ambassadrice pour les droits de l’Homme, et en partenariat avec l’Institut ukrainien en France et l’ambassade d’Ukraine en France, un événement s’est tenu au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en hommage à Victoria Amelina et à toutes les femmes ukrainiennes engagées pour la liberté, la justice et la paix.
La cérémonie s’est déroulée en présence d’Oleksandra Matviïtchouk, avocate spécialisée dans les droits humains et la démocratie, lauréate du prix Nobel de la paix 2022, de l’ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko, et de nombreuses personnalités engagées, dont Iryna Dmytrychyn, historienne ukrainienne et traductrice, Bernard Henri-Lévy, écrivain et cinéaste, et Caroline Fourest, autrice et journaliste.
Isabelle Rome a ouvert l’hommage en rappelant que la dignité humaine n’a pas de frontières et que, après 1 143 jours d’agression, la France reste résolument engagée aux côtés de l’Ukraine, tant sur le plan économique, militaire qu’humanitaire.
La Vice-ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Mariana Betsa, a ensuite dénoncé l’objectif central de la guerre menée par la Russie : détruire l’Ukraine en tant que nation et effacer son identité. Elle a notamment évoqué les déportations d’enfants ukrainiens, les disparitions forcées, les actes de génocide et l’agression systématique contre la population civile – évoquant la plus grande opération d’enlèvement d’enfants de l’histoire contemporaine.
Victoria Amelina était romancière mais face à l’invasion de son pays, écrire ne lui a plus suffi. Elle s’est engagée sur le terrain, auprès d’organisations humanitaires et de Truth Hounds, une ONG qui documente les preuves des crimes de guerre russes en Ukraine.
Le 27 juin 2023, un missile frappe le restaurant où elle dînait à Kramatorsk. Victoria succombe à ses blessures quelques jours plus tard, le 1er juillet. Elle avait 37 ans.
Son dernier ouvrage, « Regarder les femmes regarder la guerre », publié à titre posthume, est une enquête bouleversante sur les héroïnes ukrainiennes confrontées à la guerre d’agression russe.
« La quête de justice m’a transformée : j’étais romancière et mère, je suis devenue enquêtrice sur les crimes de guerre. Depuis un an, je photographie des impacts d’obus dans les murs de bibliothèques, les décombres d’écoles et de centres culturels ; je recueille les témoignages de survivants et témoins d’atrocités. J’ai fait tout cela pour mettre au jour la vérité, préserver la mémoire, donner une chance à la justice et à une paix durable. »
– Victoria Amelina
Une discussion a ensuite réuni, autour de son livre, Oleksandra Matviïtchouk, Isabelle Rome et Caroline Fourest, pour faire vivre son combat. Comme l’a si justement formulé Sandrine Treiner, directrice des éditions Flammarion : la plume de l’écrivaine nous manque déjà.
Enfin, les mots d’Oleksandra Matviïtchouk témoignent de cette détermination inébranlable : « Nous ne laisserons pas le mal triompher. »