Il y a 30 ans, le 5 décembre 1994, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie signaient le Mémorandum de Budapest, un accord international crucial qui promettait la sécurité et la stabilité en Europe.

À la fin de la Guerre froide, l’Ukraine devient indépendante en 1991 après la dissolution de l’Union soviétique. À cette époque, le pays détient le troisième plus grand arsenal nucléaire au monde, hérité de l’Union soviétique. Afin de renforcer la sécurité mondiale et de limiter la prolifération des armes nucléaires, des négociations s’engagent pour convaincre l’Ukraine de renoncer à ces armes.

C’est dans ce cadre que l’Ukraine signe le Mémorandum de Budapest avec les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie en décembre 1994, lors d’une conférence organisée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Quatre figures clés sont présentes : Bill Clinton, président des États-Unis, qui représente la puissance mondiale garantissant la sécurité et l’ordre international ; Boris Eltsine, président de la Russie, pays héritier direct de l’Union soviétique, garant de l’accord mais aussi récipiendaire des armes nucléaires ukrainiennes ; John Major, Premier ministre du Royaume-Uni, qui agit au nom de l’engagement britannique envers la paix et la sécurité européenne ; et Leonid Koutchma, président de l’Ukraine, qui signe cet accord dans l’espoir d’assurer l’indépendance et la sécurité de son pays tout en renonçant à un arsenal nucléaire massif.

L’image emblématique de cette signature immortalise ces quatre dirigeants réunis pour sceller cet engagement historique.

En échange de la destruction de son arsenal nucléaire et de son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), l’Ukraine reçoit des garanties de sécurité de la part des signataires. Ces derniers s’engagent à respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine. Ils promettent également de ne pas recourir à la force ou à la menace contre le pays et de ne pas utiliser de pressions économiques pour porter atteinte à sa souveraineté. Enfin, ils assurent leur soutien en cas de menace ou d’agression impliquant des armes nucléaires.

Cependant, ces engagements sont mis à l’épreuve à partir de 2014. L’annexion de la Crimée par la Russie, suivie de son rôle dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, dans la région du Donbass, constitue une violation flagrante du mémorandum. Ces événements révèlent également les limites de cet accord, qui repose sur des engagements politiques et non sur un cadre juridiquement contraignant. Sans mécanisme de mise en œuvre, les signataires occidentaux se limitent à des sanctions économiques et à un soutien indirect à l’Ukraine, laissant ce pays vulnérable face à l’agression russe.

Aujourd’hui, 30 ans après la signature de cet accord, le Mémorandum de Budapest reste un rappel tragique des conséquences du non-respect de la Russie à ses engagements en matière de souveraineté et d’intégrité territoriale de l’Ukraine. En 2014, la Russie a violé ces principes en annexant la Crimée, avant d’intensifier son agression par une invasion à grande échelle en février 2022. Cet échec met en lumière non seulement les limites des garanties de sécurité offertes à l’époque, mais aussi la nécessité pour les alliés de tenir fermement leurs engagements pour protéger les États contre toute agression future.