Trois ans après Boutcha : la Russie continue de semer la terreur et la destruction
Aujourd’hui marque le troisième anniversaire de la libération de Boutcha par les forces ukrainiennes. Le 31 mars 2022, l’Ukraine découvrait l’ampleur des atrocités perpétrées par l’armée russe contre des civils. Dès le lendemain, le monde entier prenait conscience de l’horreur grâce aux images et vidéos diffusées par les journalistes internationaux : des civils assassinés, certains avec les mains liées derrière le dos, d’autres torturés et exécutés froidement. Les rues de cette petite ville de 36 000 habitants, située en banlieue de Kyiv, sont jonchées de cadavres, et des carcasses de véhicules militaires calcinés témoignent de la brutalité de l’occupation russe.
Un massacre documenté et prouvé
Peu après ces découvertes, en décembre 2022, le New York Times publiait une enquête approfondie, fruit de huit mois de travail, afin d’identifier les auteurs de ces atrocités. Basée sur des images de vidéosurveillance, des drones, des témoignages d’habitants et des interceptions téléphoniques, cette enquête a mis en lumière l’implication du 234e régiment de Pskov dans ces crimes de guerre.
Le déroulement des événements est accablant.
Le 24 février 2022, la Russie lance son invasion de l’Ukraine. Le 27 février, des unités russes entrent à Boutcha mais sont repoussées par des volontaires ukrainiens. Le 3 mars, les Russes reviennent en force et prennent le contrôle de la ville. Dès leur entrée, ils se livrent à des pillages systématiques.
L’horreur s’intensifie rapidement. Des hommes sont faits prisonniers, emmenés dans une base militaire et exécutés sommairement. Parmi les victimes, des civils sans défense : des habitants à vélo, un homme de 68 ans sorti acheter à manger, une jeune fille de 14 ans… Tous assassinés de sang-froid par les soldats du 234e régiment de Pskov. Les corps sont abandonnés dans les rues, contraignant les habitants à vivre au milieu des cadavres pendant de longues semaines, jusqu’à la libération de la ville par l’armée ukrainienne.
Les soldats russes vont jusqu’à utiliser les téléphones de leurs victimes pour appeler leurs proches en Russie, sans se soucier d’être identifiés. Ces appels, interceptés par les services ukrainiens, ont permis aux journalistes d’établir la responsabilité directe de plusieurs soldats dans ces massacres.
Photo : RONALDO SCHEMIDT/AFP
Un modèle de terreur répété
Les massacres perpétrés à Boutcha ne sont pas une exception. Dans tous les territoires occupés par la Russie, les mêmes crimes sont commis de manière systématique :
Arrestations arbitraires
Disparitions forcées
Tortures et violences sexuelles
Destruction de livres en langue ukrainienne et répression de la culture locale
Les charniers et destructions d’Irpin, Izyum, Kherson, Bakhmut, Marioupol et de toutes les autres villes en sont la preuve glaçante : partout où l’armée russe passe, elle laisse derrière elle des crimes de guerre et des violations des droits humains. Chaque territoire conquis devient une scène de crime contre l’humanité.
Le devoir de mémoire et de justice
Trois ans après la libération de Boutcha, il est essentiel de ne jamais oublier. La vérité sur ces massacres doit rester gravée dans les mémoires, et la justice doit être rendue pour les 458 victimes assassinées et leurs familles. Se souvenir de Boutcha, c’est refuser l’impunité, mais aussi s’engager fermement à ce que de telles horreurs ne se reproduisent jamais.
Photo : RONALDO SCHEMIDT/AFP
Photo de couverture : (Zohra Bensemra/REUTERS)